Portrait
Rédigé par WLE
De temps à autre, notre équipe éditoriale part à la rencontre de personnalités qui incarnent l’essence de WANT à travers leur passion, leur vision du savoir-vivre et leur sens du style. Et puique nous pensons que les détails font toute la différence, nous les invitons à répondre à un questionnaire sur les petites (et grandes) choses de la vie.
Crédit photo : Izak Rappaport
Ce mois-ci, WANT a eu le plaisir de s’entretenir avec François Arnaud, jeune acteur montréalais passionné qui a fait ses armes dans le premier film de Xavier Dolan, J'ai tué ma mère (2009), que le monde a découvert dans la populaire série Les Borgias (2013) et qui poursuit son ascension depuis, par-delà les frontières de son Québec natal. Discussion avec un homme qui vibre au rythme de ses émotions.
Tu mènes une carrière internationale depuis quelques années (dont un projet récent, le film américain
In Transit, et la sortie du clip d'Orville Peck, avec Noah Cyrus). Qu'est-ce que cela a changé pour toi, en tant qu'humain et acteur?
Travailler un peu partout me permet surtout de ne pas m’asseoir sur mes lauriers, de relativiser l’importance du “succès” et de la valeur que j’y accorde. J’ai surtout travaillé sur des gros projets en télévision, alors qu’au cinéma, je participe souvent à des projets très indépendants. Ce que j’adore? La rencontre avec un cinéaste et avec des acteurs qui sont là parce qu’ils aiment le scénario et qu’ils ont envie de mettre la main à la pâte… In Transit m’a permis de faire la rencontre de Jennifer Ehle, une actrice géniale et une personne formidable que j’ai eu plaisir à découvrir.
Le clip d’Orville Peck avec Noah Cyrus était surtout l’occasion de mettre en images une chanson dont je suis fan et que j’ai écoutée 100 fois avant de participer au clip! J’aime le mélange des genres dans le travail d’Orville, tant au niveau musical qu’esthétique. Cet été, je suis parti pour l’Argentine sur le tournage d’un film avec Harvey Keitel, un acteur que j’admire depuis toujours et avec lequel je n’aurais jamais osé espérer travailler. Bouger autant est à la fois grisant et un peu déstabilisant, parfois... Il faut vraiment travailler sur soi pour parvenir à trouver son centre en étant si loin de ceux que l’on aime.
Crédits photos : J'ai tué ma mère, © Mifilifilms; Les Borgias, © Copyright: Showtime 2012
Quels sont tes critères majeurs dans le choix d'un projet?
Je dirais que c’est d’être transporté par un univers, une histoire. J’ai également besoin de me sentir interpelé à un niveau plus personnel. Je me demande plus souvent ce que je peux apporter à un projet que l’inverse. D’habitude, si je ne trouve pas de réponse à cette question, je me dis que c’est parce que je ne suis pas la meilleure personne pour le faire. J’aime beaucoup être surpris par un personnage, une histoire, un scénario qui laisse découvrir des degrés de profondeur inattendus. Je ne crois pas trop à la vision cloisonnée des genres cinématographiques, comme le drame ou la comédie. J’essaie toujours de trouver un peu de l’un dans l’autre, car en tant que spectateur, c’est ce qui me touche le plus. Mais au-delà de tout ça, si les gens qui sont à l’origine du truc m’inspirent, je dis oui de suite, peu importe le contenu! C’est tellement rare de se sentir complètement en confiance, de pouvoir s’abandonner à une vision.
Quel rôle ou type de personnage rêverais-tu d'incarner?
Je suis toujours en quête de personnages complexes, pas forcément bons ni mauvais. Je suis fasciné par les gens qui se trompent et qui ont tendance à s’enfoncer en tentant de sauver leur peau, leur ego et leur santé mentale. Il est certain que si un jour, on me proposait d’incarner M****** (The Scottish Play), je serais à la fois flatté, terrifié, obsédé…
Crédits photos : Kendra Hope
Mon principal trait de caractère : Mon intensité
Le défaut que je ne pardonne pas : La paresse
La chose qui me met en colère : La mauvaise foi
Mon talent caché : J’imite assez bien Donald Duck et Daffy Duck..
La dernière fois que j’ai ri : Je ne m’en souviens plus mais c’est certain que c’était aujourd’hui.
La dernière fois que j’ai pleuré : Je ne m’en souviens plus mais c’est certain que c’était aujourd’hui.
Une chose qui m’émerveille : La gentillesse, complètement sous-estimée.
En amour, je suis : Loyal, intense, trop sensible peut-être.
Ce que mes amis diraient de moi : “Il parle fort souvent mais il sait fermer sa gueule, parfois.”
La qualité que j’apprécie le plus chez les autres :
La transparence
L’odeur qui m’émeut :
Celle de la forêt.
Le son que j'aime le plus : Le crépitement d'un feu de foyer.
Le geste qui me réconforte : Une main dans le cou.
Le rituel qui me fait du bien : Choisir un parfum selon mon humeur, la saison, le temps qu’il fait.
La chose pour laquelle j’éprouve le plus de gratitude : Être né curieux.
Si j’avais un superpouvoir : D'arriver à décrocher plus facilement.
Je n'oublierai jamais : Mes amis, mes amours, ma famille.
Le conseil qui m’a marqué : “Do or do not, there is no try.” - Yoda
Crédit photo : @francoisarnaud
L’endroit où je me verrais vivre : En Toscane, pour le vin et les pâtes.
La chanson qui m'apaise : Je ne cherche pas vraiment à être apaisé par les chansons, plutôt à vivre un concentré d’émotions. Il n’y a pas d’amour heureux, de Louis Aragon, chanté par Françoise Hardy, me crève le cœur, et c’est beau.
Mon idole : Anthony Hopkins. Pour son talent et son travail bien sûr. Mais surtout pour sa curiosité et son imagination qui ne s’éteignent jamais. Je vois toujours le petit garçon en lui.
Ce que j’aime le plus faire de mon temps libre : Cuisiner (et manger). Et je commence à apprendre à aimer laver la vaisselle…
Mon livre/film/série préférés : À l'est d'Eden, de John Steinbeck. Chaque fois que je commence un livre, je me force à choisir autre chose plutôt que de le relire. Il y a tout dans ce livre. Aussi, la toute fin du film I am Love, de Luca Guadagnino avec Tilda Swinton, m’a complètement détruit. La première fois que je l’ai vu, c’était dans l’avion; j’étais couvert de larmes et mon voisin de siège a failli faire une intervention!
Crédits photos : @francoisarnaud, Kendra Hope
Mon style vestimentaire : Jackson Pollock rencontre Pina Bausch (I wish!)
Le projet qui m'a posé le plus de difficultés et comment je les ai surmontées : Ce sont les périodes sans travail qui sont les plus difficiles. Si j’ai un projet inspirant qui m’attend, j’accueille les difficultés avec plaisir.
Ce qui a le plus évolué ces dernières années dans la perception que j’ai de mon métier : Il y a une vraie peur que les gens acceptent l’intelligence artificielle comme une alternative valable à la vision créatrice d’un autre être humain. Ça me mystifie complètement. Parce que peu importe ce que l’intelligence artificielle arrive à accomplir, ça n’a aucun intérêt pour moi. Ce qui m’intéresse de l’art, c’est la fenêtre que ça me donne sur l’être humain qui est derrière.
Ce que j'aime le plus de mon métier : Les surprises, les rencontres, et ces quelques moments de liberté totale, quand les étoiles semblent s’aligner et qu’on arrive à faire quelque chose qu’on ne comprend pas vraiment nous-même.
La cause qui m'interpelle : Résister au discours haineux de l’extrême droite. Combattre ça par une radicale empathie.
Crédit photo : @francoisarnaud
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